A Table!

A Table!

1997  // Live

Une rencontre sous haute tension avec l’une des plus grandes comédiennes/chanteuses de notre pays. Double CD enregistré en live à l’Opéra de Lausanne. Deux heures sur une table en compagnie d’Yvette Théraulaz, c’est le paradis en enfer comme dirait l’autre. Mais au fond, ça tombe bien, car si je devais choisir entre le paradis et l’enfer, je choisirais le paradis pour son climat et l’enfer pour ses rencontres!

1 Nous avons été des enfants 1:54

Nous avons été des enfants
Qu'est-ce qui nous est arrivé
Qu'est-ce qui nous a fait mourir
Qu'est-ce qui nous a fracassés
Au dedans on pleure
Au dehors on rit
Et la vie la vie s'écoule
Au dedans on pleure
Au dehors on rit
Et la vie la vie s'écoule

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2 Duo 1:31

Revenus de tout mais sans cesse en partance
Laissant la porte ouverte à d'autres renaissances
Etonnés d'être forts malgré nos différences
Rassurés mais tremblants devant nos ressemblances
Mélangeant nos salives en gardant nos distances
Solidaires du dedans et nageant côte à côte
Abordant le rivage où l'on perd quelque chose
Emportant dans nos cœurs les sourires de l'enfance
Encore très peur du noir et c'est pour ça qu'on danse

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3 Je suis comme un enfant 4:55

Je suis comme un enfant
Qui n'a plus droit aux larmes
Conduis-moi au pays
Où vivent les braves gens
Conduis-moi dans la nuit
Entoure-moi d'un charme
Je voudrais rencontrer
Des êtres différents

Je porte au fond de moi
Une ancienne espérance
Quelque chose qui dépasse
Et contienne l'existence
Nous ne pouvons plus vivre
Loin de l'éternité

Une envie de partir
Sans demander son reste
Il est vrai que ce monde
Où nous respirons mal
N'inspire plus en nous
Qu'un dégoût manifeste
Et nous ne lisons plus
Les titres du journal

Nous voulons retourner
Dans l'ancienne demeure
Nous voulons retrouver
Cette morale étrange
Qui sanctifiait la vie
Jusqu'à la dernière heure

Je suis comme un enfant
Qui n'a plus droit aux larmes
Conduis-moi au pays
Où vivent les braves gens
Conduis-moi dans la nuit
Entoure-moi d'un charme
Je voudrais rencontrer
Des êtres différents

Je porte au fond de moi
Une ancienne espérance
Comme un enlacement
De douces dépendances
Nous ne pouvons plus vivre
Loin de l'éternité

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4 Un rêve 2:59

C'est un vieux rêve
Que je caresse
Un peu comme ça
Comme ça
Du bout des dents
Quand la tristesse
Me ferme les yeux
Et c'est souvent
C'est un vieux rêve que je retiens depuis longtemps

Je le mâchouille
Je l'aplatis
En tout petit
Comme ça
Et je le glisse
Contre ma joue
Par en dedans
Et puis le laisse
Pour que personne ne me prenne ce rêve d'enfant

Il est tout plein
De vent de sable
Il est tout plein
De Sahara
De dunes rondes
Qui s'allongent
En palmes vertes
Sous mes pas
Il est tout plein
D'extrême Orient
Il est tout rempli d'horizon
Et de lointains et de détours
Qui me font voir à contre-jour

Des chameaux lents
Qui se déhanchent
Et se pavanent
Mieux que des paons
La tête haute
Comme ils mâchouillent
Peut-être un rêve d'océan
Dans ce silence
Qui m'émerveille
Je m'enroule
Comme un oubli
Très loin d'ici

C'est un vieux rêve
Que je caresse
Un peu comme ça
Comme ça
Du bout des dents
Quand la tristesse
Me ferme les yeux
Et c'est souvent
C'est un vieux rêve que je retiens depuis longtemps

Et au matin quand je m'éveille
Encore un peu toute étourdie
Il me reste dans mon oreille
Un peu de vent mais pas de bruit
Et au matin quand je regarde
Il me reste au fond des yeux
Un peu de sable un peu d'espace
Un peu de ciel des hommes bleus

Mais si une grande personne passe
Et qu'elle me gronde « Qu'est-ce que tu mâches ? »
Il faut répondre bien poliment
« Rien qu'un bonbon qui colle aux dents »
Ouvrir la bouche ne montrer rien
Il est collé dans un p'tit coin
Les grandes personnes ne savent pas
Tout ce qui s'cache ici ou là

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5 Opéra 1 1:36

J'ai une marelle à finir dans ma douzième année
Il est assis dans un coin
Il a des yeux extraordinaires
L'intelligence est toujours tendre
Je fais confiance à la totalité du réel
J'attends la pluie et l'beau temps
Et j'ai le temps j'ai tout le temps
J'ai tout mon temps j'ai tout mon temps

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6 Passionnément 4:57

Un texte incroyablement passionné d'un poète fou, Ghérazim Luca.

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7 Cheveux noirs 3:50

Elle avait de longs cheveux
Comme des plumes du soir
Elle avait de longs cheveux
Noirs
Quand elle riait sous la douche
A pleins doigts par les cheveux
Il apprivoisait sa bouche
Et ses yeux
Il aimait glisser les lèvres
Sous la ligne de ses joues
Pour dénicher l'alouette
De son cou
Elle aimait glisser son peigne
Dans la buée des miroirs
Dans le halo des enseignes
Dans le noir

Un soir en rentrant chez elle
Comme ils marchaient dans la rue
Tête à tête pêle-mêle
Il a vu
C'était peut-être un dimanche
Entre la tête et le cou
Une tache de peau blanche
Comme un trou

Ils ont couru n'importe où
Pour cacher ce peu de peau
Dans un foulard une coiffe
Un chapeau
C'était peut-être en semaine
Ses cheveux dans le béret
Restaient collés à la laine
Par paquet

J'aurais tant voulu dit-elle
Ne pas te montrer cela
Que je sois à jamais belle
Dans tes bras
J'aurais tant voulu dit-elle
Il lui répondit tais-toi
Il y avait des hirondelles
Sur les toits

Quand ils n'ont plus su que dire
Tristes à couper au couteau
Ils ont pleuré l'un dans l'autre
Sans un mot
Le lendemain toute seule
Elle arracha ses cheveux
Le lendemain toute chauve
Comme un vieux

Il allait parfois la voir
Hôpital de Bobigny
Elle n'ouvrait plus son peignoir
Même à lui
Elle avait sous son foulard
Comme un crâne de bébé
Comme un ventre de canard
Nouveau né

J'aimerais être un menteur
Mais j'ai lu ces mots fragiles
Dans le courrier des lecteurs
Du Libé dix-sept avril

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8 Sereine Serein 3:27

Femme souffrance femme silence
Ton mystère est immense
Femme de guerre femme de pierre
Ton regard est d'hier
Femme d'errance femme distance
Femme racine de l'enfance
Femme sectaire femme d'affaire
Femme qui marche à l'envers
Femme d'argile femme fragile
Femme de larmes sous les cils
Femme d'hiver femme de terre
De saisons en enfer
Femme brûlure femme fêlure
De printemps sous l'armure
Femme lumière femme prière
Femme penchée en arrière

Femme de nuit femme de jour
Tu es le jour de mes nuits
Dans la nuit de mes jours
Est-ce ta main qui retient la mienne
Quand je tiens la tienne
Que nos cœurs se souviennent
Quand ma bouche se met dans ta bouche
Que nos corps se touchent
Que l'immensité nous enlace
Tu n'attends rien
Sereine serein

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9 Les sentiments 1:17

Je t'aime passionnément
Je t'aime passionnément
Les heures passent
Celles de nos peines
Nous n'avons plus beaucoup de temps
Prends-moi j' veux qu' tu m' prennes
Prends-moi par les sentiments
C'est bien toujours la même histoire
Nos n'avons plus beaucoup de temps
Des coffres-forts des abattoirs
Remplacent le vrai chant absent
Les feuilles tombent est-ce la peine ?
Nous n'avons plus beaucoup de temps
Prends-moi j'veux qu'tu m'prennes
Prends-moi par les sentiments
Ma peau mon cœur tes bras tes veines
Nous n'avons plus beaucoup de temps
Prends-moi j'veux qu'tu m'prennes
Prends-moi par les sentiments

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10 Ma Mamadonne 3:34

Dans la foule machine immobile je rêvais
En cherchant mes racines tout au fond du néant
Animal animé par d'étranges pulsions
Je l'attendais debout débordant de bonheur
Ma Madonne

Belle quelle était belle
Sur son cheval tout blanc
Comme la neige de l'enfance
Danse disait-elle
Me prenant par la main m'attirant derrière elle
A mon tour d'enfourcher son cheval à deux ailes
Nous voguions dans la clarté du jour
Enveloppés par l'humaine plainte
Qui montait vers le ciel
Accrochés par les hanches
Épousant le galop du cheval à deux ailes
Plus vite disait-elle moins vite plus vite
Donne prends donne
Poussons la porte du soleil

Oh ! ma Madonne
Rêve des hommes
Ta voix nous donne
Des ailes d'homme

Le cheval à deux ailes s'est posé dans la neige
Elle a montré son ventre aux rayons du soleil
Se cabrant tout entière offrant son violon ciel
Aux divines caresses de l'archet musicien
Ma Madonne

Nous dansions arrimés par le centre
Enivrés par les chants de l'humaine plainte
Qui montaient vers le ciel
Plus vite disait-elle
Moins vite plus vite
Donne prends donne
Poussons la porte
La porte du soleil

Dans la neige de l'enfance
À côté du soleil
Bercé par la plainte de l'humaine solitude
Je t'attendrai demain
Débordant de bonheur
Ma Madonne

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11 Pièce de coeur 0:37

Yvette m'emmène au théâtre!

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12 Mademoiselle rouge 3:08
 
13 Se faire horizon 2:49

Il y a comme ça des moments sans désir
Où l'on voudrait s'arrêter oublier
Pouvoir se contenter de la douceur du jour
Et comme le soleil quand il est épuisé
Très fatigué du monde simplement se coucher
Et se faire horizon et se faire horizon

Et rejoindre dans le silence
Ce qui au fond très fond de nous
Résonne comme le vent le ciel la terre et l'eau
La source la feuille le tonnerre le feu le soleil
L'oiseau la fleur l'océan
Se souvenir qu'il faut du temps
Du temps pour voir pour danser
Accepter de se perdre de n'être plus qu'un souffle
Dans le grand vent du monde
Et se faire horizon et se faire horizon

Pour sourire pour accueillir
Il faut se souvenir qu'il y a une enfance
Une joie simple et tendre fragile et nue
Une parole vraie retournée comme un gant
Se souvenir qu'il faut du temps
Du temps pour vivre pour souffrir
Rendre hommage à la vie
Au temps de notre vie
Rendre hommage au temps
Et se faire horizon
Et se faire horizon

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14 Les mots 1 3:41
 
15 Les mots 2 1:20
 
16 Les mots 3 1:12
 
17 Sagesse 3:08

Écoutez la chanson bien douce
Qui ne pleure que pour vous plaire
Elle est discrète et légère
Un frisson d'eau sur de la mousse

La voix vous fut connue et chère
Mais à présent elle est voilée
Comme une veuve désolée
Pourtant comme elle encore fière

Et dans les longs plis de son voile
Qui palpite aux brises d'automne
Cache et montre au cœur qui s'étonne
La vérité comme une étoile

Elle dit la voix reconnue
Que la bonté c'est notre vie
Que de la haine et de l'envie
Rien ne reste la mort venue

Elle parle aussi de la gloire
D'être simple sans plus attendre
Et de noces d'or et du tendre
Bonheur d'une paix sans victoire

Accueillez la voix qui persiste
Dans son naïf épithalame
Allez rien n'est meilleur à l'âme
Que de faire une âme moins triste

Et dans les longs plis de son voile
Qui palpite aux brises d'automne
Cache et montre au cœur qui s'étonne
La vérité comme une étoile

Elle dit la voix reconnue
Que la bonté c'est notre vie
Que de la haine et de l'envie
Rien ne reste la mort venue

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18 Opéra 2 3:28
 
19 Boule de sang 2:16

Un texte de Michel Houellebecq extrait de " La déchirure"

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20 Comment parler 2:59

Un texte de José Flore Tappy tiré de "Errer mortelle" et de "Pierre à feu" sur une musique d'Yvette Théraulaz.

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21 Sur l'arbre du monde 2:50

Adaptation musicale libre sur des mots d'Yvette Théraulaz et de Michel Garneau.

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22 Fils de personne 4:39

Je ne suis fils de personne
Je ne suis d'aucun pays
Je me réclame des hommes
Qui aiment la terre comme un fruit

Au gré de l'amour
J'aimerais m'abandonner
Au rythme des jours
Des nuits dévoilées
J'aime le goût d'écume
La saveur des embruns
La douce amertume
Des brumes du matin

Reverrais-je encore l'automne
Le temps des grandes marées
Puis l'hiver où tout frisonne
Puis un printemps puis l'été
Toutes saisons pour aimer

Au gré de l'amour
Peut-on s'abandonner
Quand on voit toujours
Les forêts d'acier
Les barrières de haine
Les champs de barbelés
Et la longue chaîne
Des droits bafoués

Sommes-nous si peu de chose
Des insectes trop petits
Ne sommes-nous donc plus des hommes
Pour les laisser faire ainsi

Au gré de l'amour
J'aimerais m'abandonner
Dans un lit de sable
Bordé par les vagues
Sous le grand soleil
Avant d'être glacé
Au bruit des abeilles
Vivre le temps d'aimer

Reverrais-je encore les neiges
Les feuilles mortes s'envoler
Laissez-moi me prendre au piège
Du doux plaisir d'exister
Laissez-nous le temps d'aimer

Je ne suis fils de personne
Je ne suis d'aucun pays
Je me réclame des hommes
Qui aiment la terre comme un fruit

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23 Au-delà de la mort 3:35
 
24 Opéra 3 4:58
 
25 Lexicon 2:56
 
26 Femme de quarante 3:40
 
27 Dialogue 2:43
 
28 Opéra 4 1:43
 
29 Opéra 5 5:24
 
30 Lise 3:47

Lise
Et si tranquille
Apparemment
Un peu penchée
Mal assurée
Cherchant à terre
Une pensée perdue
Il y a de ça
Longtemps

Un tremblement
Parfois qui passe
Presqu'invisible
Jusqu'à sa main
Trouble un instant
Ses yeux d'eau pâle
Alors elle dit qu'il faut
Demain... demain

Qu'il faut encore
Qu'il faut toujours
Qu'il faut chercher
Pour trouver quoi
Cette lourdeur
Au fond de soi
Qui ne veut rien
Que taire son nom

Cette lourdeur
Au fond de soi
Qui ne veut rien
Que rester là
Ses lèvres tremblent
Ses yeux s'affolent
A vouloir dire comment
Pourquoi ...pourquoi

Et si tranquille
Apparemment
Un peu penchée
Mal assurée
Cherchant à terre
Une pensée perdue
Il y a de ça
Longtemps

Demain... demain
Un jour viendra
Demain ...demain
Elle saura bien
Et qui elle est
Et où elle va
Nommer la chose et dire
Enfin ...enfin

Un petit rire
Un baiser tendre
Déjà voilà
Qu'elle n'est plus là
Vous comprenez
Elle ne veut pas
Vous alourdir
De tout son poids

Et si tranquille
Apparemment
Un peu penchée
Mal assurée
Cherchant à terre
Une pensée perdue
Il y a de ça
Longtemps

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31 Final 2:17